Le territoire de l'actuel Portugal fut occupé
dans l'Antiquité par les Lusitaniens, qui y vécurent
jusqu'à la conquête de la péninsule ibérique
par les Romains. En 27 av. J.-C., les Romains détachèrent
la province de Lusitanie, alors beaucoup plus vaste que le Portugal
actuel, du reste de la péninsule. La région fut
ensuite envahie par les Vandales et, au début du Ve siècle,
par les Suèves. Ce n'est qu'à la fin du siècle
que les Wisigoths réussirent à soumettre ces derniers.
En 711, les Arabes mirent fin à la domination wisigothique
sur l'ensemble de la péninsule ibérique. |
Dès la fin du IXe siècle, les rois
des Asturies avaient libéré le nord du pays. En
1095, Henri de Bourgogne reçut de son beau-père
Alphonse VI, roi de Castille et León, le comté de
Portugal. Son fils, D.Afonso Henriques, se fit roi de Portugal
en 1143 (Traité de Zamora, seulement reconnu par le Pape
en 1179 ), reprit Lisbonne aux Arabes et déclara l'indépendance.
Les rois de Portugal participèrent activement à
la Reconquista, et c'est Alphonse III qui reprit l'Algarve aux
Maures (1249-1252) et donna au Portugal ses frontières
actuelles. Les derniers rois de la dynastie de Bourgogne dotèrent
le royaume d'une administration omniprésente, en particulier
D. Dinis qui fit beaucoup pour tout ce qui était ce qu'on
appelle aujourd'hui l'aménagement du territoire. (Assechement
des marais, plantations de forêts de conifères...).
Au XIVe siècle, les contre-coups de la guerre de Cent Ans entraînèrent le royaume dans un long conflit avec la Castille, et c'est Jean Ier de Castille qui hérita du trône à la mort de son beau-père Ferdinand Ier, en 1383. Les Cortes, réunis à Coimbra, étaient favorables à une solution nationale et proclamèrent Jean d'Aviz roi du Portugal en 1385!; celui-ci assura l'indépendance de son royaume. La dynastie d'Aviz contracta alors une étroite alliance avec l'Angleterre et favorisa une politique d'expansion coloniale. |
Vasco de Gama |
Au XVe siècle, les Portugais engagèrent une politique de conquêtes qui devait répondre à plusieurs objectifs : la croisade contre les musulmans, l'expansion territoriale, la recherche d'esclaves et enfin l'établissement de relations avec le continent américain. Ils s'attaquèrent d'abord aux musulmans et prirent Ceuta sur la côte marocaine (1415). Sous l'influence d'Henri le Navigateur, l'effort porta sur l'Atlantique. Ainsi, les Portugais longèrent les côtes africaines et découvrirent Madère (1419), les Açores (1432), les îles du Cap-Vert (1457) et, en 1487, Bartolomeu Dias franchit le cap de Bonne-Espérance pour atteindre l'Inde. Une fois ce cap fatidique passé , D. Joo II puis D. Manuel cinfièrent une flotte à Vasco de Gama qui parti de Lisbonne le 8 juillet 1497 et arriva à Calcuta en mai 1498. |
En outre, le traité de Tordesillas (1494),
qui partageait entre l'Espagne et le Portugal les découvertes
déjà faites et celles à venir, offrait à
ce dernier des possibilités d'expansion en Amérique
du Sud.Cependant la premiere version du traité ne convenait
pas au portugais : La ligne
courait du nord au sud, à 100 lieues
(environ 445 km)
à l'ouest des Açores et de l'archipel du Cap-vert.
Toutes les nouvelles terres se trouvant à l'est de cette
ligne appartenaient au Portugal, celles situées à
l'ouest, à l'Espagne. Le mécontentement des Portugais
devant cet arrangement conduisit au traité de Tordesillas
(1494) entre le Portugal et l'Espagne, par lequel la ligne de
marcation, ratifiée par le pape Jules II en 1506, passa
à 370 lieues
(environ 1 660 km)
à l'ouest de l'archipel du Cap-vert. Par ce changement,
le Brésil devint une possession portugaise (bien qu'il
ne fut pas encore découvert ..). En
1500, Pedro Álvares Cabral prit possession, au nom du roi
Manuel Ier le Grand, de la "terre de la Vraie Croix!",
qui devint plus tard le Brésil. Le nom du Brésil
vient en fait de la couleur des arbres que Cabral rencontra à
son arrivée ; ces arbres avait la couleur de la braise
(" Brasa " en portugais , ce qui donna " Brasil "
).
En 1505, Francisco de Almeida fut proclamé vice-roi de l'Inde portugaise. L'influence portugaise s'élargit ensuite à Goa (1510) et à Malacca (1511), pour atteindre les Moluques. Dans le domaine intérieur, la monarchie s'orienta vers un autoritarisme croissant après que Jean III le Pieux eut décidé, en 1525, de ne plus convoquer les Cortes que tous les dix ans. À la disparition du cardinal-infant Henri en 1580, le Portugal plongea dans une grave crise dynastique : la couronne passa à Philippe II d'Espagne. En 1640, le représentant du roi d'Espagne fut assassiné à la suite d'une conjuration menée par le duc de Bragance. Les Cortes reconnurent ce dernier pour roi sous le nom de Jean IV le fortuné et restaurèrent de ce fait une dynastie nationale. |
Le Marquis de Pombal |
Jean VI et ses successeurs durent affronter les Espagnols
mais aussi les Hollandais qui occupaient le nord du Brésil
depuis 1624, territoire qu'ils ne quittèrent qu'en 1654.
À la fin du XVIIe siècle, l'or en provenance du
Brésil commença à affluer à Lisbonne
et contribua à asseoir la puissance de la dynastie royale.
En 1703, le traité de Methuen scellait une alliance commerciale
avec la Grande-Bretagne : contre l'assurance de vendre facilement
ses vins à Londres - au détriment des vins français
- et contre l'appui de la Royal Navy, le Portugal et le Brésil
s'ouvraient largement aux produits manufacturés anglais.
Joseph Ier délégua son pouvoir à un diplomate,
Sebastião de Carvalho e Mello, marquis de Pombal, qui,
inspiré par les principes du despotisme éclairé,
uvra au renforcement du pouvoir de l'État. Il procéda
à des réformes fiscales et commerciales, limita
les pouvoirs de l'Église et expulsa les jésuites
en 1759. Après la mort de Joseph Ier, dont le règne
fut aussi marqué par le tremblement de terre de Lisbonne,
le 1er novembre 1755, Pombal fut congédié par la
reine Marie Ire, opposée à ses méthodes autoritaires
et à son anticléricalisme. Dès lors, il ne
resta plus rien de son ministère, dont l'uvre fut
balayée par le retour triomphal des nobles et des jésuites.
La censure ecclésiastique fut rétablie et le pouvoir
fut confié au tout-puissant ministre de la Police Pina
Manique. Le Portugal demeura l'allié des Britanniques et
des coalisés pendant les guerres napoléoniennes.
En novembre 1807, les armées de Junot envahirent le Portugal,
qui s'était opposé au blocus continental, et poussèrent
la maison de Bragance à se réfugier au Brésil.
Après la défaite totale des armées françaises
en 1811, Jean VI, couronné roi en 1816, hésita à
rallier Lisbonne, agitée par des troubles qui se poursuivirent
jusqu'au milieu du XIXe siècle. |
En 1822, le pays étant secoué par une révolution, le roi adopta une Constitution libérale. L'indépendance du Brésil, en 1825, provoqua des luttes entre libéraux et absolutistes dirigés par Michel, fils cadet du roi, qui renversa sa sur la jeune reine Marie. Elle fut rétablie en 1834 par son frère Pierre Ier, empereur du Brésil. Sous le règne de Marie II, les libéraux se partagèrent en deux courants : l'un, modéré, était partisan d'un régime à deux chambres, l'autre, dit "!septembriste!", était favorable au rétablissement de la Constitution démocratique de 1822. En 1851, après une période de guerre civile, le Portugal, dirigé par le duc de Saldanha, ancien chef absolutiste, connut stabilité intérieure, essor économique et expansion coloniale en Afrique. Le jeune Manuel II, succédant à Charles Ier, assassiné en 1908 à Lisbonne avec le prince héritier, fut renversé par les militaires qui proclamèrent la république le 5 octobre 1910. |
Antonio de Oliveira Salazar |
La république parlementaire eut du mal à s'imposer face à un courant monarchiste encore puissant. Dans un contexte sociopolitique particulièrement troublé, les grèves et les coups d'État se multiplièrent. Le 9 mars 1916, l'Allemagne déclara la guerre au Portugal, accusé de ne pas respecter la neutralité. Des troupes portugaises combattirent alors aux côtés des Alliés. Le 28 mai 1926, le général Gomes da Costa souleva la garnison de Braga et prononça un coup d'État contre le régime parlementaire. En 1928, il choisit pour ministre des Finances le professeur d'économie António de Oliveira Salazar qui, après avoir rétabli l'équilibre budgétaire, devint président du Conseil en 1932. L'année suivante, une nouvelle Constitution établit un régime corporatiste reposant sur un parti unique, ainsi que sur l'armée, l'Église et les grands propriétaires. Le Portugal devenait un État paternaliste et clérical au traditionalisme d'inspiration maurassienne. Les ouvriers étaient obligés de s'inscrire à des syndicats nationaux, tandis que les patrons se regroupèrent en corporations, et le droit de grève fut supprimé (1934). La police politique de Salazar, la PIDE, se chargea de neutraliser toute forme d'opposition à son régime, et le concordat de 1940 renforça l'influence de l'Église catholique sur la société. Favorable au franquisme, le régime de Salazar maintint la neutralité portugaise pendant la Seconde Guerre mondiale. À la faveur de la guerre froide, le Portugal, qui avait permis au Royaume-Uni puis aux États-Unis d'utiliser les Açores comme poste de surveillance dans l'Atlantique pendant le conflit, entra à l'OTAN (1949). Le Portugal entra dans l'après-guerre dans un contexte de forts troubles économiques et sociaux suivis, au début des années 1960, par les premiers remous dans les "!provinces africaines!" : en Angola (1961), en Guinée-Bissau (1963) et au Mozambique (1964). Le général Américo Tomás, élu en 1958, fut réélu à la présidence de la République en 1965. Trois ans plus tard, en septembre 1968, Salazar, malade, abandonna ses fonctions (il mourra deux ans après) et fut remplacé par Marcelo Caetano qui, sous des apparences de démocratisation, poursuivit la politique de son prédécesseur. Cependant, les troubles coloniaux allaient en s'aggravant et mettaient plus que jamais au jour le blocage d'un régime autoritaire et archaïque. |
Le 25 avril 1974, le coup d'État organisé
par les militaires progressistes du Mouvement des forces armées
(MFA) réussit à mettre fin à quarante-six
ans de dictature au prix de six morts seulement. Le général
António de Spínola, ancien commandant en chef des
forces portugaises en Guinée-Bissau et en Angola, porté
à la présidence de la junte militaire, fit expulser
Caetano vers le Brésil, libérer les prisonniers
politiques et abolir la censure. Les anciens agents de la PIDE
furent arrêtés. Un cessez-le-feu fut proposé
aux nationalistes-africains d'Angola, de Guinée-Bissau
et du Mozambique. Cette révolution garda le nom de révolution
des illets par allusion aux fleurs que les soldats reçurent
de la population. Le mouvement ainsi enclenché devait durer
jusqu'en 1976.
Dans un premier temps, les mouvements de gauche et d'extrême gauche, le Parti communiste d'Álvaro Cunhal, le Mouvement pour la réorganisation du prolétariat (maoïste), l'Alliance ouvrière et paysanne (marxiste-léniniste), tentèrent de s'appuyer sur les militaires les plus à gauche pour mettre en uvre une politique socialiste. Ils se heurtèrent à l'opposition des agriculteurs, des grands propriétaires terriens et d'une partie de l'armée. Le général de Spínola démissionna en septembre 1974 et, après une tentative de putsch en mars 1975, se réfugia à son tour au Brésil. |
Un militaire, un oeillet, une démocratie. |
Le président Jorge Sampaio |
À partir de 1976, l'évolution politique
du Portugal s'inversa. Une Constitution fut approuvée le
21 février 1976, tandis qu'un an plus tard, au mois de
juin, le général Antonio dos Santos Ramalho Eanes
était élu à la présidence de la République
avec près de 60 p. 100 des voix. Il confia l'exécutif
au socialiste Mario Soares. La réforme agraire, mise en
place en 1974, fut abandonnée et, en septembre 1976, des
centaines de milliers d'hectares furent restitués à
leurs propriétaires.
Premier ministre jusqu'en 1978, puis de 1983 à 1985, Soares fut élu président de la République au suffrage universel en 1986, la droite modérée, dirigée par A. Cavaco Silva, étant au pouvoir. Soares consacra l'intégration de son pays à l'Europe communautaire (1987) et, réélu en 1991, contribua largement à asseoir définitivement la démocratie portugaise. En 1996, Jorge Sampaio, ancien maire de Lisbonne, fut élu à la présidence de la République, Antonio Guterres est actuellement son premier ministre . Pour en savoir plus sur la situation actuelle , cliquez ici | Le premier Ministre Antonio Guterres |